À qui profite l’innovation technologique

Dans un premier temps, le discours marketing a fait rage. Que n’allaient pas apporter les nouvelles technologies dont les promesses se multipliaient ! Un âge d’or d’une nouvelle nature allait remplacer celui dont la crise financière avait sonné la fin, pouvait-on croire ! Chacun y allait de sa nouveauté pour ne pas prendre le risque d’être dépassé sur ces nouveaux marchés où il importe de prendre pied dès qu’ils apparaissent.

La furie s’est depuis calmée, et le discours dominant a changé. Microsoft l’exprime le plus clairement. « Nous devons nous assurer que l’année 2024 ne ressemble pas à une page du roman 1984 », écrit Brad Smith son patron. La compétition qui s’est si précipitamment engagée entre les futurs intervenants des nouvelles technologies de la communication (NTIC) s’est déplacée sur un autre terrain au vu des réactions apparues dans l’opinion. Les innombrables projets d’utilisation des algorithmes de reconnaissance faciale couplée à l’implantation de réseaux de caméras y ont pour beaucoup contribué. Et Brad Smith prend le virage.

« Un principe démocratique indispensable a toujours été qu’aucun gouvernement n’est au-dessus des lois. Aujourd’hui, cela nécessite que nous fassions en sorte que l’utilisation par le gouvernement de la technologie de reconnaissance faciale reste soumise à l’État de droit. Une nouvelle législation peut nous mettre sur cette voie », explique-t-il, annonçant que Microsoft a adopté six principes afin d’accompagner l’utilisation de cette technologie : l’équité, la transparence, la responsabilité, la non-discrimination, l’information et le consentement des consommateurs, et une surveillance en accord avec la loi.

Il prend ainsi les devants sur les législateurs, à qui est confiée la mission d’ouvrir le marché en surmontant les réserves émises, en se faisant le défenseur de la vie privée que les constructeurs ne peuvent garantir de manière crédible. L’épisode précédent était inverse, les autorités policières demandant des données aux opérateurs privés les possédant, qui s’y refusaient de peur de perdre leur clientèle… Il faudrait s’entendre.

L’extrême fragilité de ce qui se prépare apparait au grand jour. L’Internet des objets va certes être le paradis, mais celui des hackers. Le piratage des données à grande échelle que nous connaissons – pas une semaine ne se passe sans une nouvelle annonce – va trouver un gigantesque nouveau terrain d’élection. Dans leur grande variété, les objets connectés qui commencent à apparaître ne disposent pas de protections sophistiquées au hacking d’un coût trop élevé et s’inscrivent dans le cadre de l’émergence de la domotique (le concept de la maison connectée). Et si le routeur wifi est atteint, c’est l’ensemble des objets connectés qui le sont également. La maison toute entière devient une fabrique de données sous surveillance.

Le monde des objets connectés est appelé à devenir un véritable Paradis, mais pour qui ?

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.